Chemin de sable bordé de verdure de chaque côté. On en voit pas le bout du chemin.

Un audit d'accessibilité, c'est avant tout un engagement mental

Aujourd’hui est la journée mondiale de la santé mentale. Faire des audits d’accessibilité à la chaîne, c’est difficile. Je l’ai rarement entendu ou lu : la fatigue de l’auditrice. Est-ce que c’est tabou ? Je ne sais pas.

Faire des audits d’accessibilité ne nécessite pas de cocher des cases comme conforme, non conforme ou non applicable de chaque critère du RGAA. C’est bien plus que ça.

Pour faire simple : une auditrice va analyser le code, écrire des recommandations tout en gardant en tête l’impact utilisateur et priorisation des recommandations.

Nous sommes tous différents face à l’audit.

Ce métier implique, pour moi, des responsabilités qui ne sont finalement pas anodines, surtout quand j’ai à cœur de faire correctement mon travail.

Détecter toutes les anomalies, les faire remonter de façon pédagogique et diplomatique pour qu’elles soient prises en compte par les équipes. Au début, c’est facile car il y a la découverte.

Une fois, deux fois, trois fois, bonjour les dégâts.

Au fil du temps, il m’arrive d’être agacée par certaines erreurs récurrentes, faciles à comprendre et qui ne sont toujours pas prises en compte comme les contrastes de couleur ou les alternatives textuelles. Ca devrait être intégré par tous et toutes.

Parfois, c'est simple à analyser et parfois ça demande un arbitrage. Rester juste, interpréter les critères sans oublier de prendre en compte les impacts utilisateurs, rédiger les recommandations de manière limpide pour que cela soit correctement implémenté par les équipes techniques.

C’est difficile d’accepter que j’aie pas analysé correctement le code, omis un morceau de code, pas expliqué correctement la correction à implémenter sachant l’impact que je peux avoir sur le quotidien des personnes handicapées.

Émettre une déclaration d’accessibilité peut être une responsabilité aussi. C’est pas juste un petit bout de html avec un « score ». C’est aussi permettre à des millions de personnes handicapées d’être à égalité avec tous et toutes.

Certains pans de notre métier peuvent être passionnants car je peux être amenée à rencontrer différentes personnes et à différents niveaux. C'est fatiguant parfois, il faut que je m’adapte à chaque personne, en dehors de mon propre handicap.

Cela demande en dehors de la connaissance : rigueur, esprit critique, diplomatie, pédagogie, empathie mais aussi de l’organisation et autonomie sans oublier la polyvalence.

Annoncer une mauvaise nouvelle concernant l’audit réalisé, ce n’est pas agréable. Ca l’est pour personne. Les résultats sont bien souvent négatifs que positifs, quand on connaît le pourcentage de sites français accessibles.

Alors, oui c’est difficile à la longue ce négatif qu'on retrouve dans ce métier d’auditrice. C'est important de varier les missions que j’ai pour justement préserver mon engagement et ma santé mentale qui sont précieux.